L’architecture est-elle un art ou une science ? A cette question, les théoriciens sont presque unanimes : les deux à la fois. Car l’architecture ne se limite pas à émouvoir l’œil et la sensibilité du public, mais s’appuie aussi sur des constructions mathématiques et géométriques rigoureuses. Certaines architectures historiques sont fort énigmatiques et ont pour but de communiquer implicitement un message, une idée. C’est le cas des pyramides égyptiennes, et de magnifiques palais édifiés par des architectes à l’intelligence inégalée.  

Architecture et évocations artistiques    

Les monuments de la Rome antique attestent tous de la nécessité de posséder de larges connaissances en science pour réaliser ces constructions tant splendides par leur mystère que par leur beauté. D’ailleurs, Vitruve, architecte de l’empereur Auguste, a rédigé toute une œuvre pour le démontrer. Son livre, « De Architectura », souligne nettement l’importance de l’accumulation d’une grande variété de savoirs pour concevoir une œuvre architecturale digne de ce nom. Selon lui, l’architecture « juge toutes les productions des autres arts » car c’est la seule à pouvoir rassembler tous les arts en une seule construction. Pour Vitruve, un réel architecte doit avoir impérativement recours aussi bien à la pratique qu’à la théorie. La partie immatérielle de cette science artistique, si l’on peut dire, consiste à donner aux constructions ce caractère qui suscite les sensations. C’est ainsi qu’un palais est obligatoirement différent d’une simple maison, indépendamment des dimensions. L’architecture, somme toute, doit exprimer une grandeur élégante.  

Somptuosité, prouesses et mystères scientifiques    

Quant à la partie tangible, elle ne peut prendre consistance qu’à travers les sciences exactes et naturelles. C’est pour cette raison que l’on classait auparavant l’architecture comme une « haute science ». Durant l’antiquité, l’architecture avait un rôle important : elle faisait honneur aux divinités, aux souverains, on y consacrait des événements de gloire… L’architecture était politique : une civilisation puissante devait représenter sa force et son importance par un monument grandiose et surpassant tous les autres. Certains palais semblent d’une architecture tout à fait classique et sans réelle différence avec d’autres constructions. Mais, en y regardant de plus près, le palais de Chambord, par exemple, qui à première vue nous semble ordinaire, nous présente en réalité une succession de mystères irrésolus et séduisants. Il appartenait à François Ier et son architecture a été faite par Leonardo De Vinci en personne ! Par la volonté du roi, De Vinci a parfaitement codé ce palais. Son architecture très complexe surprend bien des observateurs encore. Aussi, les pyramides d’Egypte sont d’une grande complexité. Tout d’abord, elles sont parfaitement bien alignées avec la constellation d’Orion. Une profonde perspicacité et un sens déductif excellent, seuls, seraient à même d’expliquer une si étonnante précision. Plus encore, les quatre faces de la grande pyramide sont orientées vers les quatre points cardinaux de manière très exacte ; les côtés sont égaux ; la pente de la pyramide de Gizeh est calculée d’après Pi et le nombre d’or, etc. Mais ces détails passionnants nous mèneraient loin.   On oublie souvent que si l’architecture est le premier art c’est aussi parce qu’elle nécessite de larges connaissances scientifiques et artistiques. C’est probablement l’art le plus complexe. De nos jours, l’architecture n’a plus exactement la visée qu’autrefois, cependant elle n’est pas pour autant moins importante. Car, en effet, un pays puissant voudra toujours posséder l’architecture la plus surprenante, et la plus essentiellement symbolique.