Il est peu d’ouvrages d’architecture qui méritent une peinture plus glorifiante, plus développée, plus empreinte d’exaltation et de poésie que la mosquée Hassan II. Ce monument sans pareil, dressé sur les vagues et dominant toute la ville, est d’inspiration mauresque. Les vieilles cathédrales résistent au temps ; cette mosquée maritime résiste à la houle permanente, au déferlage de la mer et à la moiteur des vents impétueux et continus. Elle siège royalement à la lisière de Casablanca. Une centaine de milliers de fidèles peuvent s’y rassembler. Le minaret, orné dans toutes ses façades de ciselures uniformes et accolées, s’élève à une hauteur impressionnante, qui ne manque pas de marquer les visiteurs nouveaux. Des portails mauresques de grandeur différente sont symétriquement dispersés dans tous les côtés de la tour, et constituent de noirs interstices entre le fourmillement des motifs. Parlons brièvement de la disposition de l’architecture globale de ce complexe religieux, et de la parure somptueuse de ses pièces principales.  

Richesse des salles de prière et d’ablution  

La construction de cette mosquée a duré sept ans. Projetée sous le commandement du feu roi Hassan II, les débuts de l’édification remontent à 1983. Erigée sur l’emplacement d’une ancienne piscine municipale, cette mosquée compte, parmi les éléments principaux de sa composition, une salle de prière, une école coranique, et le minaret décrit plus haut. La salle de prière, pourvu d’une toiture mouvante de 3400 m2, mesure deux hectares. Ce comble est composé 300 000 tuiles métalliques revêtues de bois de cèdre taillé et enduit de peinture, et pouvant, par beau temps, se décalotter et laisser voir le ciel. Dans le cas contraire, cette immense et magnifique salle est baignée d’une lumière provenant d’une cinquantaine de lustres ouvragés et cuivrés. Un filet d’eau artificiellement aménagé sillonne le milieu de cette large pièce, aux extrémités de laquelle on peut noter deux grosses colonnes en pierre, où l’ascendance généalogique du roi est inscrite en lettres d’or. La salle des ablutions, d’une superficie de 4800 m2, est agrémentée de plus de quarante fontaines sculptées et recouverte de carreaux ornés. Les lustres illuminant cette pièce sont également en cuivre et tiennent du plus bel ouvrage.  

Financement, construction et matériaux  

Un ouvrage de telle dimension a contraint à l’Etat à un déboursement qui excède toute mesure, mais qui n’a causé aucun mécontentement de l’opinion. Aujourd’hui la mosquée est entretenue à grands frais. En effet, le voisinage de l’océan et les sévices répétés du climat nécessitent de fréquents travaux : la consolidation des digues, le rebouchage des fissures, etc. Autant d’opérations qui, chaque année, occasionnent une dépense de 30 millions de dirhams au Conseil de la Ville de Casablanca. Les chiffres relatifs à la construction ne sont pas moins frappants. 53 000 m2 de bois sculpté, 10 000 m2 de céramique ornementée, en vue des exécutions détaillées et de la décoration religieuse. 60 000 m3 de roche pour contenir l’agitation de la mer, 26 000 m3 d’un béton d’excellente qualité, et 750 tonnes de fer pour constituer la charpente.